ERRANCE

Une exposition de Rachel Labastie et Nicolas Delprat
Du 11 novembre au 9 décembre 2012
(VERNISSAGE le samedi 10 novembre 2012)

PARCOURS EST #11 // Samedi 17 novembre 2012 de 14h à 18h30

L’exposition ERRANCE est un vagabondage à travers les salaisons, un espace moitié art, moitié cochon, cet animal qui effraie tant les religions.
Vous ne ressortirez pas indemne des visions de ces deux artistes là, dans ce lieu.
A l’approche de ce mois décembre 2012 pluvieux et froid qui s’annonce comme la fin des mondes, vous verrez l’au-delà des apparences,
ce qui vous hante et vous réveille au cœur de la nuit, ce qui vous effraie le plus est sans nul doute ce qui vous séduira demain.

Nicolas Delprat habite le lieu avec ces œuvres lointaines, comme si au moment d'ouvrir les yeux, un brouillard à couper au couteau apparaissait dans une lumière puissante.
Ce sont des visions de l’au-delà ici bas, mais voit on véritablement ce que l’on distingue ? Ces contrastes, ces ombres, semblent donner une forme animale aux nuages ou au choses dans le matin qui surgit.
Nicolas Delprat est peut-être un peintre de l’aube, un cinéaste des lumières sur des routes sans fin et l’on peut se retourner, chercher le spot, l’halogène qui éclaire ses toiles,
mais non,cela vient bien de la peinture elle-même.
C’est une lumière mystérieuse qui vient de l’intérieur et révèle le trouble face à ce que nous voulions percevoir distinctement ;
mais Monsieur Artaud l’écrivait déjà en substance : « les idées claires, sont des idées mortes ».

Rachel Labastie* présente des pièces qui nous interpellent, la force de ces sculptures réside dans la violence contenue dans ces oeuvres et les matériaux nobles doux et fragiles qui les constituent.
Des dents monstrueusement agrandies sont comme des cris arrachés à l'histoire, une entrave de groupe exposant les dangers d'une soumission généralisée,
des os constituant plusieurs squelettes dont les éléments emmêlés figurent les restes d'un feu. Violence contenue et pourtant douceur de la porcelaine, subtilité de la céramique,
onctuosité de la paraffine.
A première vue, tout semble évident, ce qui est beau séduit et la laideur effraie. Néanmoins, chaque élément de son travail à son double,
son ambivalence intrinsèque et nul ne sait vraiment si sous ces chaînes en porcelaine ne sont pas cachées les âmes des esclaves de l’ile de Gorée.
On dit d’ailleurs qu’à la tombée du jour des sons inaudibles traversent les frigos des salaisons.

Laurent Quénéhen


*Davantage sur Les cerveaux en cliquant ici.