LES GRANDES FIGURES - Exposition du 14 avril au 5 mai

Avec CELINE BERGER, NICOLAS BERNIERE, GWENAËL BILLAUD, ERIC CORNE, AYAKO DAVID-KAWAUCHI, YVES GOBART, HERVE IC, NATACHA IVANOVA,
MARINE KARBOWSKI, CAROLINE LEJEUNE, IRIS LEVASSEUR, THOMAS LEVY-LASNE, DOMINIQUE PALLIER, NATHALIE TACHEAU, RADA TZANKOVA
     
Toute matière commence par un grand dérangement spirituel. Antonin Artaud

Il y a cette vague berlinoise, tout se fait à Berlin, la mode, le cinéma, la musique, les arts plastiques.
Et tout le monde va à Berlin.
Il est vrai que les appartements et les ateliers y sont moins chers qu’à Londres, New York ou Paris. Peut-être devrait-on parler plutôt de la vague pauvre qui pousse les artistes à s’installer à Berlin.
C’est circonstanciel, comme l’apparition des premières caméras portables a pu donner naissance à l’art vidéo. Si les ateliers et loyers parisiens revenaient à des prix plus humains, il y aurait une vague parisienne.
Il vient de se terminer une exposition à Tel Aviv concernant la scène picturale berlinoise « I’m a Berliner »*. Des peintres berlinois puissants, violents, intéressants certes, mais pas plus qu’à Paris.
Il ne suffit pas d’habiter Berlin pour avoir du talent, enfin pas plus qu’à Romainville ou Barbizon. C’est la raison pour laquelle cette exposition ne s’appelle pas « I’m a Romainvillois ».

Il est donc permis de s’intéresser à toute autre chose et précisément aux grandes figures.

On peut rêver aux toutes premières grandes figures, de celles que le nourrisson voit se pencher sur son berceau. Elles tentent d’entrer en contact, elles parlent, désirent quelque chose.
Cette demande est bien mystérieuse, inquiétante, le sens ne se fait pas encore et comment y répondre ? Avec le temps, les grandes figures du berceau deviendront des rencontres, des amis, des amours.
Mais, la question restera : qui se cache derrière cette figure ? Que me veut-elle ?
L’art évoque cette rencontre avec les grandes figures dans une langue qui lui est propre, une langue à sentir. La mise en mots reste toujours un peu à côté, comme une traduction, une médiation.
Le langage visuel existe à part entière. Peut-être que cela est encore plus flagrant dans la peinture dite figurative où se situe quelque chose de très humain,
ne serait-ce que par le geste de la main qui travaille encore la matière, le corps sur la toile, comme un film compressé, proposé sur un seul plan, un rêve visible.
Tout y est dans un temps plus court et curieusement plus abstrait. La figuration contemporaine reflète la multiplicité des propos, des détournements ;
la couleur la plus lumineuse a un revers noir, la séductrice est un père de famille et le voyou un honnête âne. Il est certain qu’on en voit de toutes les couleurs,
notamment avec les réseaux sociaux où de multiples figures viennent s’ouvrir sur un seul plan, une seule page.
La peinture se rapproche de cela, elle défie la perception monolithique et l’on ne sait jamais tout à fait ce qu’elle demande, quel est son pouvoir profond sur nos désirs.

L’exposition commence le lundi de Pâques en compagnie de grands magiciens, de grandes figures de la peinture et se termine à la veille du second tour des élections présidentielles,
comme un voyage entre la spiritualité et le réalisme, certainement une nouvelle vague plus internationale que berlinoise.

*I AM A BERLINER 21/01 – 24/03/2012 - HELENA RUBINSTEIN PAVILION FOR CONTEMPORARY ART, TEL AVIV